Voici déjà des lunes, mon époux m'a quittée.

Le sort nous a touchées, toutes trois désolées.

Seules nous sommes restées prendre soin de chacune,

Et le temps a passé laissant fuir la rancune.


Naomi nous parlait du Dieu de ses ancêtres,

Celui qui était loin, mais qu'elle semblait connaître.

Elle m'a souvent confié l'histoire de tout son peuple,

Choisissant les récits, elle contait leurs périples.


Mais un jour elle appris qu'il n'y avait plus de faim,

Aussitôt revenue, annonça son retour ;

Sans hésiter longtemps, nous partîmes sans atours,

Repensant en chemin aux choix du lendemain.


Arrivant rapidement au point de non-retour,

Naomi s'arrêtât, nous dit de repartir.

Orpa comme moi refusa de la laisser,

Sans savoir sérieusement ce qu'il y avait devant.


Puis Orpa acceptât songeant à son enfance,

Repartit en Moab en se cachant la face.

Naomi insistât pour que j'en fasse de même,

Mais songeant à demain je choisi d'être Femme.


Je lui promis de rester près d'elle chaque jour,

Je la suivrai à chacun de ses pas là bas,

Je deviendrai sa fille, à son peuple je serai

Et son Dieu sera mon Dieu pour l'éternité.


La route fût longue mais surtout angoissante.

J'allais vers l'inconnu, soutenant Naomi

N'ayant que mes forces pour avancer toujours

Loin de chez moi sans savoir comment m'exprimer.


Un jour au soleil brûlant, Naomi chutât.

Je la relevais très inquiète depuis des jours

Nous marchions avec peu de pauses, seulement la foi

Que Naomi rappelait encore et toujours.


Nous restâmes à l'ombre se reposer quelques temps,

Et moi je réfléchis. Si Naomi tombai,

Je restai seule dans ce pays étranger,

Sans abri ni guide pour me montrer le chemin.


L'angoisse me saisissait, je manquais vaciller

Lorsque une pensée me revint : Naomi disant :

"Ma fille, tu sais que ce Dieu est aussi le tiens",

Rappelant la promesse que je lui avais faite.


Alors je choisis au plus profond de mon cœur

De reconnaître ce Dieu si puissant et digne

Que Naomi repartait dans ses vieilles années

Vers le pays qui servait ce Dieu Eternel.


Une paix m'envahit sans que je ne le demande,

Et je sus que le Père des Pères de Naomi

A cet instant là devenait aussi le mien,

Même si je ne savais rien de cet être divin.


Nous arrivâmes enfin au pays de Juda,

Pour tout son peuple, Naomi devint Mara

Mais elle resta toujours Naomi pour moi,

La douce et tendre mère qui m'a conduit chez moi.