Isaac

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Je n'avais pas d'enfant, pas de descendance à qui transmettre cette foi, qui pourtant si souvent m'avais fait croire et espérer avoir un fils, même un unique que j'aimerai de tout mon coeur comme la prunelle de mes yeux. Mais un jour Il a dit que c'était fait, ma femme en a bien ri, mais il est né notre cher fils, notre tout petit bébé unique et merveilleux, qui enchanta notre vieillesse...


Un coucher de soleil,

et des millions d'étoiles

qui naissent dans le ciel,

Une lune qui éclaire, sans voile...


Tout cela est incroyable,

création de perfection,

infini et si profond ,

que ce n'est dénombrable...


Le sable est encore chaud,

d'une journée bien chargée,

et pourtant toujours égayée

des rires d'un enfant, si beau.


L'enfant est grand et bien bâtit,

son père l'a guidé et conduit,

le jeune garçon apprend si vite,

intelligent, obéissant, respectueux...



Le vieillard est déchiré,

il ne comprend pas pourquoi,

lui reprendre son cher fils,

celui là même qu'on lui a donné...


l'homme est révolté, attéré,

le chagrin de cette perte

est déjà insurmontable

rien qu'à l'imaginer..


pourquoi,

cette question revient sans cesse.

N'a-t-il pas été obéissant,

n'a-t-il pas gardé toutes les règles,

a-t-il trahit son engagement ?


Si c'est le cas pourquoi punir l'enfant,

pourquoi lui faire payer la faute,

lui qui est innocent, qui n'a rien fait,

pourquoi n'est ce pas l'homme qui paye ?


Le père est effondré,

il veut payer sa part,

il veut prendre toutes les fautes,

s'il peut sauver son fils, son unique.


Mais le verdict est implacable,

l'enfant doit mourir,

il doit servir d'offrande

au Dieu d'amour.


Un Dieu d'amour ?

Mais quel est ce Dieu d'amour

qui réclame le sang d'un enfant,

qui exige ce sacrifice de son père ?


Le père se tait devant la nuit,

ses larmes sèches sur ses joues.

Il n'en parlera pas,

mais que fera-t-il ?


Le sage au fond de lui,

l'amour qu'il a pour son fils,

la foi en ce Dieu Eternel,

tout est mis dans la balance..


Et puis au matin tout est joué,

il a arrêté de réfléchir,

il fera ce qui est dit,

obéira au Dieu créateur...


Ses sentiments refoulés,

il sort au soleil levant,

regarde son fils avec sa mère,

tourne la tête, désespéré, déterminé.

Le fils cherche du regard,

est étonné, ne comprends pas.

Il compte et observe à nouveau,

décidement, quelque chose ne va pas.


Son père est vieux, bien fatigué,

pour une fois a défailli,

il est partit sans même l'agneau,

pour immoler sur son autel.


Le fils soucieux ne sait que faire.

Reprendre son père, est impensable,

mais il est encore temps pour lui,

de faire l'aller-retour avec l'agneau.


Et puis il repense à cette nuit,

où il n'a pu dormir comme d'habitude,

il faisait chaud, il faisait sombre,

il était nerveux presque angoissé.


Son père aussi d'ailleurs fut agité,

il s'est levé bien avant l'aube,

son ombre fuyant sur les toiles,

un fardeau pesait sur ses épaules.


Le garçon s'inquiète à nouveau de son père,

il est âgé et surchargé,

mène la troupe de main de fer,

mais trop souvent est épuisé.


Puis ses idées le prennent à nouveau,

Cette nuit étouffante comme jamais,

sa gorge sèche, ses yeux humides,

sans qu'il ne sache ce qu'il avait.


Il a bien pensé à prier,

mais s'est demandé pourquoi.

il était juste fatigué,

avait mangé trop lourd la veille.


Quand l'ombre paternelle est revenue,

il s'est tourné sur sa paillasse,

fermé les yeux, aimé son père,

s'est souvenu sa protection.


Au petit matin il s'est moqué,

de ses craintes de la nuit

dignes d'un petit garçon

dont le père est assassin.


Mais pourquoi alors l'angoisse

a-t-elle surgit dans tout son être

le parcourant de milles frissons

à l'annonce de ce départ ?


Et pourquoi ce besoin si fort,

de serrer sa mère dans ses bras,

tout près de son coeur si lourd,

au moment du départ dans ce désert ?


Levant les yeux du sable chaud,

il voit son père devant lui,

son regard fixe vers la cime,

seul repère du but à atteindre.


Il est trop tard pour retourner,

son père a donc prévu tout ce qu'il faut,

on va rencontrer quelqu'un sous peu

qui nous apportera l'agneau voulu...


Le fils s'en persuade comme il le peut,

mais sent son coeur battre si fort,

comme s'il voulait pomper encore

et encore plus avant d'être arrêter...


Arrêter ? Mais pourquoi arrêter ? 

Un coeur ne s'arrête pas seul,

une bête même a le coeur battant,

la gorge tranchée pour sacrifice...


Pourquoi ces mots et ces images,

dans un moment spirituel,

d'adoration du Dieu très haut,

Eternel guide de son père ?


Ce Dieu qui a conduit tous ses pas,

qui a prédit et permis sa propre vie,

a prévu tout ce qu'il faudra,

et voulait soulager d'un poids son père.


« Qui a prédit, permis ma vie » ?

Mais quels sont ces mots à ces instants,

pourquoi songerai-je à ma vie,

ou à mon coeur qui bat si fort ?


Que se passe-t-il autour de moi ?

Pourquoi ce regard rempli d'amour,

mais aussi d'un « pardonne-moi »

dans les yeux de mon père ?


Le jeune homme est dérouté,

jamais il n'a ressentit cela,

jamais il n'a eu toutes ces pensées,

ni n'a perçu de trouble au fond de lui.


Angoissé étourdit de tout cela,

ne tenant plus à la pression,

il ouvre sa bouche, ferme son coeur,

approche son père d'un pas rapide.


Fixant la cime comme son père,

il lui demande innocemment,

comme il l'a toujours fait confiant,

où est l'agneau pour l'holocauste.


Son père évite son regard,

mais assuré comme toujours

il lui répond tout simplement

que l'Eternel y pourvoira.


Le fils sourit est satisfait,

il l'avait dit que l'Eternel

lui dictait tous ses moindres pas,

pensant même à le soulager.


« Ce Dieu qui a conduit tous ses pas,

qui a prédit et permis sa propre vie,

a prévu tout ce qu'il faudra,

et voulait soulager d'un poids son père »


Il repense à ses propres mots,

fier et heureux d'avoir su lire,

et mettre toute sa confiance

en ce père fidèle à son propre Dieu.


Soudain son coeur se crispe,

il étouffe dans l'angoisse,

la peur le saisi dans la traitrise,

il a enfin ouvert les yeux.


Son père est triste c'est évident,

a même caché à sa vieille mère,

le but ignoble du voyage,

et n'ose regarder son fils en face...


Ce Dieu sage et prévoyant,

a voulu soulager son père,

a envoyé quelqu'un à sa rencontre,

va lui apporter son agneau ?


Mais ils sont déjà proche du but,

loin de tout et de personne,

ils n'ont croisé qu'un scorpion,

qu'il a évité de justesse.


Le jeune homme s'arrête,

écoeuré il veut partir, faire demi-tour.

Son père se tourne et le regarde,

il ne dit mot, respecte le silence.


Le jeune homme alors perdu,

ne sait vraiment plus que penser.

Sa vie allait-elle basculer,

allait-il mourir sans avoir vécu ?


Mais que faire, quelle solution ?

Son père ne pouvait plus l'aider,

il était seul, abandonné,

comme un enfant orphelin.


Alors que ses pensées défilent,

que son père continue à monter,

le garçon ressent l'angoisse,

puis la paix de son avenir incertain.


Il se souvient ses dernières heures,

où une voix lui disait sans cesse

qu'il devait choisir, et faire sa vie,

laisser son père faire son chemin.







L'homme jeune encore pense à sa vie,

puis il pense à celle de son père,

et il comprend que finalement,

ce Dieu est maintenant le sien.


Alors que le vieil homme déjà,

ramasse les branches pour le feu,

son fils les lui enlèves des bras

et prépare l'autel lui-même.


Il sait son père bien fatigué,

lui laisse prendre du repos,

avant son chemin de retour,

qu'il fera seul avec son Dieu.


Allongé pour l'holocauste,

le fils repense à son passé,

il réalise que dans l'épreuve,

Dieu ne l'a pas abandonné.


Alors que son vieux père luttait,

Le Seigneur Dieu lui a parlé,

il l'a conduit à Moriya,

lui a montré qu'il existait.


L'angoisse suivie de la paix,

cette paix qui ne le quitte pas,

comme aurait il pu comprendre,

si le Seigneur ne l'avait fait ?


Son père maintenant va agir,

le jeune homme songe avec regret,

qu'il n'aura jamais l'occasion,

d'enseigner cela à son fils.


Mais il accepte pour son Dieu,

celui qui l'a mené jusqu'ici,

qui lui a surtout donné la vie,

de renoncer à ses projets.


Isaac ferme les yeux,

il est en paix car aujourd'hui,

il a rencontré l'Eternel,

qui l'a gardé jusqu'à ce jour.


Le vieil homme est émerveillé,

de voir son fils si insouciant,

devenir un homme de foi,

en l'espace d'une journée de marche.


Les mains tremblantes sur le couteau,

il se prépare à l'égorger,

demande à Dieu de recevoir,

cette offrande si chère à son coeur.


Alors que son coeur se resserre,

il tente d'abaisser sa main,

tenant de l'autre son enfant,

prêt à en finir maintenant.


Sa main refuse de frapper ;

il tente de forcer son bras,

croyant que l'émotion si forte

puisse lui jouer un mauvais tour.


Voyant que son bras lui résiste,

il ouvre les yeux vers son fils,

entend une voix qui lui parle,

et sent une pression sur son bras.


« Abraham ! Abraham ! »

Celui ci répond alors,

fermant les yeux et s'inclinant,

« Me voici » plein d'espérance.


Le Seigneur lui annonça,

qu'il devait épargner son fils,

que par sa foi en l'Eternel,

sa descendance serait nombreuse.


Le jeune homme se relevant,

vit un bélier parmis les branches,

et reconnu avoir bien cru,

que l'Eternel allait pourvoir.


Remerciant Dieu de son amour,

Le vieil homme et son fils réunit,

s'en retournèrent louant Dieu,

prêts à le suivre à tout instant.

13/01/06 – 07/03/06