Tu es simplement sauvage,

Comme un petit animal qui s'approche.

Téméraire, il fait de plus en plus de pas

vers l'inconnu qui l'observe.

Dans un moment de bravoure,

Il va même jusqu'à le sentir,

le frôler avec ses moustaches…

Mais aussitôt, comme si son courage disparaissait

Et la peur revenait, il fait demi-tour, et va se cacher.

Après un temps, il se rassure, sors la tête de son trou.

Il connaît le paysage, chaque arbre, chaque brins d'herbe,

Toutes ces odeurs, et ces traces.

Vexé de la frayeur qu'il a eu dans son milieu,

Dans son cadre qu'il connaît si bien,

L'animal revient.

Mais cette fois, il s'approche doucement.

Il se méfie.

Et à nouveau il fait quelques pas.

Puis il s'arrête, à bonne distance,

Pour ne pas être attrapé,

Et pouvoir observer.

Et il regarde.

Il regarde cet inconnu,

Cette chose étrange qu'est l'autre,

L'autre animal qui est si différent.

Il ne semble pas dangereux, pas ennemi.

Mais ce n'est pas un ami.

Il est trop différent, il ne peut pas être un ami.

Alors il fait un pas de plus, et regarde à nouveau.

Mais quand l'inconnu se tourne vers lui,

Il retourne se cacher, derrière le petit monticule.

L'inconnu aperçoit une partie de lui,

Il sait où il est, il sait qu'il a peur.

Mais la petite bête se rassure.

Lorsque plus rien ne bouge,

Son courage revient,

Ou plutôt sa curiosité.

Emplit de curiosité, il va s'approcher,

plus près que la fois précédente.

Il va être tenté de venir plus près, il va hésiter,

Avancer un peu, mais reculer aussitôt…

Et puis il va repartir pour de bon.

Mais si l'inconnu est patient,

Si l'inconnu a été touché par cet être

Qui n'a pas osé le défier jusqu'au bout,

Il suffira qu'il attende le lendemain.

Le petit animal s'approchera à nouveau.

Il l'observera encore, viendra, fera demi-tour,

S'arrêtera, et repartira,

Evoluant dans une danse fragile,

Qu'un simple bruit inconnu brisera.

L'inconnu comprend alors que ce petit animal est particulièrement farouche.

Le seul échange possible est alors le regard,

Regard d'inconnu à inconnu,

Regard dévoilant les buts,

les envies, et le cœur de l'être,

Mais de manière suffisamment infime

Pour que chacun puisse le nier…